Copies,
Tout commence avec un livre et une proposition d’exposition faite à un éditeur / commissaire, Théophile Calot, qui propose de construire et déconstruire son propre travail à partir d’un ensemble d’actes, eux-mêmes disséminés sur plusieurs mois. Un va-et-vient constant entre deux espaces d’exposition : l’espace du livre et l’espace de la galerie, celle d’Éric Mouchet. Réunis au cœur de cette exposition, cinq artistes – Christian Aschman, Félicia Atkinson, Valérian Goalec, Ronan le Creurer et Caroline Reveillaud – qui pour la plupart entretiennent un rapport étroit à l’édition.
Le livre au centre d’une exposition
Un rapport très similaire existe entre le travail mené par l’éditeur (au sens anglo-saxon du terme « editor ») et celui du commissaire d’exposition puisque tous deux pensent, organisent et mettent en espace un contenu, lui-même composé par les productions de différents auteurs et artistes.
Théophile Calot, sous l’égide de sa maison d’édition Théophile’s Papers, pense son rôle d’éditeur comme celui d’un commissaire au travers d’un travail qui questionne notre rapport au livre et sa monstration à un public. Aussi, s’il dessine des meubles spécifiquement adaptés aux publications qu’il édite et qu’il présente lors d’expositions et évènements, l’éditeur travaille à partir de protocoles curatoriaux forts qui se jouent de chacun des espaces qui lui sont proposés. Et si chacune des propositions contient sa propre histoire, il est certain que le livre lui sert d’espace de recherche et de point de départ commun à chacun des artistes qu’il convoque dans ses projets.
Copies n’échappe pas à la règle. Pensée au travers d’une série d’actes appelés copies_a, copies_b, copies_c, etc. chacun de ces évènements est, pour Théophile Calot, une opportunité d’agrandir son espace d’exposition et d’intervention allant du piratage d’une édition monographique dans laquelle il publie une double page qu’il a lui-même réalisé (copies_a, in Cyril Zarcone Re/production, éditions Galerie Eric Mouchet, 2017), à une intervention dans l’espace public avec le collage de photographies prises par Christian Aschmann et qui ont été éditées dans The Space in Between (Théophile’s Papers, 2015), ou encore par le lancement d’une édition réalisée par l’une des artistes que nous retrouvons dans l’exposition, Caroline Reveillaud, au printemps 2018 (Endpaper, 2018). Ainsi, chaque copie_… est pensé et adapté au travail d’un des cinq artistes présents dans l’exposition et se déploie à partir d’un travail éditorial.
De l’espace d’exposition
Jeu d’aller-retour entre l’espace du livre et l’espace de la galerie, l’exposition présentée chez Éric Mouchet, incarne alors la seconde étape de ce projet. Pièces préparatoires à un montage final, les multiples actes qui précèdent le temps d’exposition à la galerie, sont comme autant de moments de travail à partir desquels chacun des cinq artistes sont invités à retravailler. Aussi, sont présentés ici chacun des actes qui ont précédé l’exposition, mais bien une relecture, voir un épuisement de chacune de ces interventions / présentations qui ont eu lieu. Chaque artiste répond à l’invitation qui leur a été lancée par le commissaire par une production spécifique allant d’une impression de dessins sur des disques d’aluminium à la réalisation d’une sculpture, en passant par une mise en espace de projets éditoriaux.
Dans l’espace de la galerie, deux structures sur lesquelles est disposée une sélection d’œuvres et de publications réalisées par chacun des artistes invités se font face. Un dispositif radical qui annonce alors le dernier de l’exposition, à savoir, la publication d’une édition monographique de 24 pages noir et blanc qui sera disponible dès la fin de l’exposition.
Alex Chevalier, Copies, mai 2018
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